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Je m’attendais à quelque chose d’exceptionnel. Et je n’ai pas été déçu. Ici, au Kirghizstan on ne parle que cheval. « Comment tu t’appelles » en Kirghize traduit mot par mot signifie « Quel est le nom de ton cheval ? » Ce qui explique déjà tout. Ici un homme est mesuré par rapport à son cheval.

La première partie de ma traversée du Kirghizstan fut le franchissement des montagnes de Kungey Ala-too. Par des chemins très raides et exposés on mit 3 jours pour ceci. Les chemins, si chemins il y avait, étaient couverts de gros cailloux, rendant la marche très pénibles. De ce fait nous ne pouvions aller qu’au pas, un trot, voire u galop étant totalement exclu. Les journées furent longues et les chevaux durent travailler plus de 11 heures les 2ème et 3ème jours. Pour l’un d’eux ce fût trop, il s’écroula 3 fois, et on lui a enlevé le plus gros de sa charge pour qu’il puisse continuer. Néanmoins ses jours sont comptés. Ici, un cheval est un outil de travail, et quand on n’est plus apte, on passe chez le boucher. Car les Kirghizes mangent leurs chevaux. Contrairement aux Turkmènes, où le fait de manger de la viande de cheval est un crime puni par la loi.

Le point culminant des montagnes fut le col de Doro à 3300 mètres, une altitude fort élevée pour un cheval lourdement chargé. Nous avons même traversé des névés de neige. Lors de la longue descente vers le lac d’Issi-Kul, on voyait des chevaux à perte de vue. Le plus souvent en groupes d’une vingtaine de têtes, ils broutaient en toute liberté dans ces hauts pâturages.

Après ces jours éprouvants, nous changeâmes de chevaux. Avec des chevaux frais nous avons entamé la traversée de la longue plaine en direction de la Chine. Seulement, au début, ça n’allait pas être une partie de plaisir. Car les chevaux qu’on avait, étaient tous des étalons, l’un plus fougueux que l’autre. Le mien surtout, un jeune étalon très orgueilleux, qui ne supportait pas de voir un autre cheval devant lui. Alors ce fut pendant les premières heures un combat entre lui et moi, pour voir qui s’imposerait à l’autre. J’en suis sorti vainqueur, mais au prix de deux ampoules aux doigts à force de le retenir. Lors d’une des premières interminables galopades que nous faisions, il s’est tellement battu pour ne pas devoir arrêter, que je dus tirer les rênes de toutes mes forces, et en même temps pousser de tout mon poids sur les étriers, que l’un d’eux s’est brisé.

Après quelques heures Amantor (C’est son nom) s’est résigné, et puis ce fût le rêve de tout cavalier. D’interminables galopades dans cette magnifique plaine entourée des deux côtés de hauts sommets enneigés. J’estime la plus longue galopade d’une traite a plus de 5 km, avant que le passage d’une route nous obligeait à ralentir.

Ces chevaux sont d’une endurance incroyable. Ils sont plus petits que les chaux européens, ce qui est un atout certain en terrain montagneux et difficile (92% du Kirghizstan sont montagneux) Mais la grande différence, c’est leur démarche incroyablement sure en terrain difficile. Lors de descentes abruptes et glissantes, j’ai laissé à mon cheval le soin de trouver le meilleur passage, ce qu’il fit à merveille, sans jamais trébucher.

Enfin une dernière chose : Si ici, contrairement aux habitudes en Europe on ne monte que des étalons, c’est qu’il y a une stricte séparation des sexes. Les étalons servent à l’équitation, tandis que les juments sont utilisées pour leur lait. Une jument donne environ 1 litre de lait 5 fois par jour.

 

Dans la neige à 3300 m

BURRU n'en peut plus; la montée a été trop rude

Il a beaucoup plu ces derniers jours. Nous cherchons un passage à travers les nombreux ruisseaux

Même au milieu de nulle part on n'était jamais seuls: des moustiques par centaines!