Loading...

20 Octobre 2009: Première prison à Lattakia:

Mon vélo et mes bagages sont déjà installés dans la vieille 504, où je prends place avec trois accompagnateurs. On est un peu serrés, mais ça ira. Lattakia n’est qu’à 30km.

Nous repartons direction Nord, là où je suis parti ce matin. En repassant devant l’endroit où j’ai été arrêté, je regarde encore une fois attentivement: Rien, mais absolument rien n’indique qu’on est en domaine militaire, à part les deux missiles bien sûr. J’ai entretemps fait mes recherches, et je sais maintenant de quels missiles il s’agit. J’ai également localisé l’endroit exact de mon arrestation. Je ne vais pas en parler ici, plus tard dans le livre que je suis en train d’écrire, je mettrai tous les détails.

En rentrant dans Lattakia, nous passons tout un dédale de rues  que je m’y perds. Je suis incapable de retrouver cette prison, contrairement à celle de Damas plus tard.

Nous entrons dans une rue en cul-de-sac, et nous arrêtons devant une grille gardée par des hommes en civil, lourdement armés.

On passe plusieurs grillages en acier, puis on m’enferme sans commentaire, moi et mon vélo. Au fait, je ne suis pas enfermé, la porte restera toujours ouverte, un gardien chargé de me surveiller est posté devant. Dans la cellule il y a comme tout mobilier un banc en bois et en acier. Pas de lit ni d’installation sanitaire.

J’omets ici volontairement plusieurs détails, très importants certains. Mais ce sera publié dans mon livre plus tard également.

Ici personne ne parle, ou ne veut parler Anglais. Ma demande de voir un interprête est refusée. Je me débrouille aussi bien que je peux avec mon Arabe. Ca marche, mais dans une direction seulement. Eux comprennent fort bien ce que je veux dire, par contre moi je ne comprends rien à leurs propos, le Syrien est trop loin de l’Arabe que j’ai appris.

Tout doucement l’attention de mes gardiens se relâche, et je peux risquer un regard hors de ma cellule. A un moment je vois qu’on amène un autre prisonnier, les yeux bandés, menottes dans le dos et pieds nus. Tout cela ne me dit rien de bon.

A chaque occasion je demande à mes géoliers quand on va me relâcher. Tout d’abord on ne me répond pas du tout. Plus tard on me fera comprendre que je passerai la nuit ici. Plus tard encore, on me dit que je sortirai ce soir. Quand? Dans une heure!

A plusieurs reprises, je demande de pouvoir avertir ma famille, à chaque fois on me le refuse. Mon portable m’a été enlevé dès mon entrée en prison. Je ne m’attends plus à le revoir. Je ne demande pas encore de voir un avocat, respectivement  un représentant du Luxembourg, car je m’attends à sortir à tout moment.

Mais, quand on continue de me dire “une heure encore, une heure encore” pendant des heures, je n’y crois plus. La nuit est tombée. J’ouvre mes sacoches, sors des vêtements chauds. Puis je me roule en boule dans un coin et je me prépare à passer ma première nuit en prison.