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Me voilà à Bogota

Je pensais avoir laissé le pire derrière moi, mais le (très) mauvais temps m’a rattrapé. Depuis la sortie du Venezuela jusqu’ici ce ne sont que glissements de terrain, affaissements de route et inondations. Mais à la différence du Costa Rica où j’ai déjà vécu des conditions semblables, ici la route passe par les montagnes. Mon altimètre est monté au-dessus de 3400m, mon thermomètre est descendu en-dessous de 7° C.  Les pentes sont très raides et les pluies ininterrompues ont rendu le tout très instable. La route est jonchée quasi partout de pierres et de rochers fraichement tombés, plusieurs fois j’en ai vu dégringoler pas loin de moi. Je n’ai pas tellement envie de mourir écrabouillé par une grosse pierre et de ressembler à une grosse pizza quand vous viendrez pleurer près de ma dépouille.  Je pense que le trafic a été interrompu au moins une dizaine de fois par des chantiers. A chaque fois je patientais entre 10 et 20 minutes pour laisser aux bulldozers le temps de dégager la route. A chaque chantier des longues queues de voitures en attente. Avec ma moto je me place toujours en tête de file, et je perds ainsi un minimum de temps. Mais je suis arrivé à un chantier où la route s’est tellement affaissée qu’il ne restait qu’un étroit passage d’asphalte, tout juste bon pour piétons et motos. Aucune chance pour les voitures et à fortiori les camions de passer. Alors, les gens déchargent leurs affaires d’un côté, transportent le tout à dos d’homme et rechargent sur un autre  bus ou camion de l’autre côté de la faille.

Comme je m’y attendais, ma moto a fort souffert ces dernières semaines. Actuellement elle est au garage BMW pour une révision générale dont elle a bien besoin. Edgar y est aux petits soins pour nous deux. Depuis deux jours j’ai roulé sans frein arrière, complètement mort, ce qui n’est pas l’idéal pour les descentes de col. De même ma chaîne, que j’avais seulement fait mettre au Guatemala, est déjà morte, malgré tous les soins que je lui ai donnés. Mais toute cette boue, eau et sable en sont venus à bout. Idem pignon avant et arrière. Enfin j’ai acheté un nouveau casque, le système Bluetooth de l’ancien ne s’est jamais remis de son bain forcé de la Guyane Française, et en plus, depuis lors il commençait à sentir franchement mauvais.

Je viens de boucler mon 30000ème km, soit les 2/3 de mon périple. Sans exagérer, je pense que sur les 4 mois que je suis en route, j’en ai roulé 3 sous la pluie ! Ici, en Colombie il pleut depuis 2 semaines alors que ce devrait être la saison sèche. A la longue, ça use, croyez moi. Mes affaires ne sèchent plus,  le matin je les remets telles quelles, j’enfile des bottes mouillées et repars sous la pluie. Depuis une semaine, je me tape des journées de 10-12 heures de conduite, et je suis vraiment fatigué. J’espère qu’une fois au Pérou je serai sorti de cette galère et pourrai à nouveau jouir de mon voyage.