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Les trois à quatre prochaines journées je vais refaire en sens inverse la route que j’ai déjà empruntée il y a quelques semaines. Ensuite, de Caracas, je vais prendre cap au sud-ouest, direction Colombie.

Alors, comme je connais déjà le coin, je vais faire quelques longues étapes pour rattraper un peu de temps perdu.

Ou plutôt, je voulais faire. Car l’administration a stoppé mon élan à la frontière du Venezuela.

Pour vous faire comprendre, on va faire un saut en arrière, à la frontière Guyane Française/Brésil. Vous allez vous régaler. Promis.

Premier acte :

En bon citoyen, je suis passé chez le douanier français avant de sortir de Guyane. Mais le gars n’était pas trop motivé, m’a dit, que ceci était l’Europe, et que je pouvais entrer et sortir librement de la Guyane. Donc : Pas de tampon de sortie. Moi, je veux bien.

Du coté Brésilien, un peu plus tard : J’ai d’abord du cherché les douanes, car vous pouvez bien vous imaginer que les passeurs, qui d’ailleurs ont laissé tomber ma moto, m’ont débarqué loin des regards curieux. Arrivé à la douane, on m’a dit que c’était l’heure de fermeture, et que je repasse le lendemain. OK. Le lendemain, on m’envoie chez le service sanitaire, pour un contrôle, dont je n’ai pas compris le but, et toute façon, ce service je ne l’ai jamais trouvé. Une heure plus tard, à bout de nerfs, je rentre au bureau des douanes.

Mais où il est, ce foutu bureau ? A chaque fois que je demande aux gens, on m’envoie à un autre bout de la ville !

Question motivation, le gars n’était guère mieux loti que son pote français de l’autre côté. Il examine mon passeport, voit que je suis déjà entré et sorti du Brésil il y a juste 2 semaines, et déclare que, si à ce moment là tout était en ordre, cela doit bien l’être maintenant également. « Bienvenue au Brésil , et bonne route !»

Et mes tampons d’entrée ?

 Pas besoin, tu as eu un tampon t’autorisant à séjourner ici pour 3 mois, tout est bon.

Gross connerie !

Acte deux :

Il est 10 heures, et me voici aujourd’hui à la douane brésilienne pour sortir du pays, et bien sur, on me demande par ou je suis entré, et où est le tampon d’entrée. J’explique toute l’histoire, la douanière secoue la tête et me rend mon passeport. Comme tu n’es pas entré officiellement ici, je ne peux pas te donner de tampon de sortie.

Et maintenant ?

« Pour moi tu n’existes pas, bon voyage ! » Ok, moi je veux bien.

Acte trois :

A la douane du Venezuela : « Où est ton tampon de sortie du Brésil » Et me revoilà parti pour débiter toute mon histoire.

« Sans tampon de sortie du Brésil, tu ne peux pas entrer au Venezuela »

 Et voilà, la grosse tuile, en plein dans ma tronche. On discute, rediscute. Solution : Je rentre au Brésil, ressors demain et j’ai mes beaux tampons. Oui, mais les Brésiliens vont demander un tampon de sortie du Venezuela…

Mon pote Franz Kafka aurait aimé ! Et ce n’est pas fini :

On réexamine mon passeport. Et là on découvre qu’à ma sortie du Venezuela, il y a quelques semaines, il manque aussi un tampon : Le tampon de sortie. Rebelote. Les regards deviennent nettement plus soupçonneux, mais on reste polis. Alors, dans ma petite tête de génie, je trouve la solution :

Donc, comme je n’ai pas de tampon de sortie, je suis officiellement toujours au Venezuela ? Merci les gars, au revoir et au plaisir !

Grattements de tête, mais ils aiment l’idée. Seulement, si moi je ne suis pas sorti du Venezuela, ma moto, elle est bien sortie. Donc je dois la réimporter, et devinez quoi ? Pour la réimporter il me faut un tampon d’entrée valable d’aujourd’hui. Mais mon petit cerveau est lancé. Je vais au bureau de police, fais jouer tout mon charme auprès de la gentille dame, et elle ma flanque un beau tampon de sortie du Venezuela et un aussi beau tampon d’entrée pour le même jour. Et le tour est joué.

Croyez-vous ?

Non.

Acte Quatre :

« Ok, on te laisse entrer, mais il faut une photocopie de tous tes documents » Ca, je connais, des photocopies j’ai ai plus qu’il n’en faut ; mais il m’en manque une : Celle avec mon nouveau tampon d’entrée. Alors, où puis- je faire une photocopie ? Vous avez bien deviné : Au Brésil. La prochaine ville du côté Vénézuélien est à 20 km.

Mais je ne peux pas renter au Brésil, j’en suis juste sorti !

« Va les voir et explique leur »

Je me remets en selle, roule vers les douanes brésiliennes. J’explique mon cauchemar é la douanière qui m’a gentiment laissé sortir tout à l’heure.

« OK, tu peux rentrer, il y a une papeterie juste à coté »

J’y file, j’obtiens ce qu’il faut, et retourne chez mes copains vénézuéliens.

« Désolé, il est midi, on ferme pour 2 heures »

Je vous entends déjà rigoler devant votre écran….

Rediscussions. Comme ma journée est foutue de toute façon, je leur demande si entretemps je peux rouler jusqu’à la prochaine ville pour trouver un hôtel : permission accordée.

Acte cinq :

Deux heures plus tard. J’ai un hôtel, j’ai fait le plein, et me voilà devant mes copains à nouveau.

« Ton assurance n’est pas valable au Venezuela »

Amusant, non ?

Alors, explique moi, pourquoi ton copain Vénézuélien, à ma première entrée l’a trouvée en règle !

Rediscussions. Mon assurance passe de main en main, de petit chef à grand chef. J’y ai ajouté une photocopie de mes premiers documents d’entrée, où mon assurance a bien été acceptée. Ca dure, et il n’y a rien à faire. Je suis à bout de nerfs et eux aussi. Alors je me rends :

Ok, où puis je avoir une nouvelle assurance ?

A Santa Elena, la ville d’où je suis juste venu….

Je me retape les 40 bornes aller-retour, paye l’équivalent de 50$ pour une assurance, retourne à la frontière, reçois un tas de papiers avec plein de tampons. On me lance un joyeux : « Buon viaje » Puis ils ferment la boutique. Il est six heures.

Sauvé par le gong.